Polyarthrite rhumatoïde
Description de la pathologie
La polyarthrite rhumatoïde est une pathologie auto-immune inflammatoire qui se caractérise par une inflammation chronique de la synoviale et entraîne une érosion progressive des os ce qui provoque un handicap et altère la qualité de vie des patients. Au début, la polyarthrite rhumatoïde se manifeste par des douleurs majoritairement nocturnes, surtout en seconde partie de nuit et des raideurs matinales. La polyarthrite rhumatoïde touche le plus souvent les mains, les poignets, les genoux et les petites articulations des pieds. En l'absence de traitement et dans ses formes les plus graves, la maladie peut être responsable de handicap au bout d'une dizaine d'années. Elle finira par se compliquer avec des atteintes extra-articulaires.
C'est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires avec 200 000 cas estimés en France, soit environ 0,3 % de la population. La maladie peut survenir à tous les âges mais on la voit apparaître le plus souvent entre 40 et 60 ans avec des formes précoces qui surviennent avant l'âge de 30 ans. La fréquence est supérieure chez la femme que chez l'homme (3 femmes pour 1 homme) en raison de la période de péri-ménopause. Après 60 ans, la fréquence est identique quelque soit le sexe de l'individu. L'étiologie de la maladie est mal connue mais on sait qu'elle est multifactorielle. Elle met en jeu des facteurs environnementaux (tabac, pollution, gradient nord/sud et urbain/rural), des facteurs hormonaux (post-ménopause, stress), et des facteurs génétiques. En effet, les protéines HLA DR1 et HLA DR4 sont rencontrées chez les malades dans respectivement 60% et 30% des cas.
La PR est une connectivite. Un dérèglement du système immunitaire va provoquer une inflammation au niveau de la membrane synoviale des articulations, provoquant une destruction ostéo-articulaire. La membrane finit par s'épaissir et sécrète plus de liquide synovial. Il y a alors plus d'enzymes (métalloprotéases), radicaux libres... qui finissent par endommager le cartilage et les tendons. Au niveau de la membrane synoviale des articulations, des Ag sont présentés par les cellules présentatrices d'antigènes (CPAg) aux lymphocytes T CD4+. La présentation d'Ag via le CMH II, associée aux signaux de costimulation permis par la liaison du CD80/86 au CD28 lymphocytaire, active ces LcT qui se différencient vers des profils Th1 et Th17 via les IL-12 et IL-23. Les LcT activés induisent la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires comme l'IL-1, l'IL-6, le TNF. En parallèle les LcB activés produisent des auto Ac anti peptides citrullinés (ACPA) et facteur rhumatoïde (FR) qui maintiendraient les LcB à l'état activé, aidant à la persistance de l'état pro-inflammatoire. Les taux importants de TNF au niveau de l'articulation favorisent l’angiogenèse, l'activation et la prolifération des fibroblastes et synoviocytes et l'infiltration de nombreuses cellules immunitaires. Cette inflammation contribue à l'épaississement de la membrane synoviale que l'on appelle le pannus synovial. Le cartilage articulaire et le tissu osseux finissent par être altérés par les enzymes protéolytiques produites par les synoviocytes ainsi que l'excès d'activation des ostéoclastes (ostéolyse et chondrolyse).
Au niveau clinique, on observe donc : des synovites (doigts en fuseau ou en col de cygne), un horaire inflammatoire (le matin au réveil), une absence de l'atteinte de l'état général (sauf pour les formes sévères), une atteinte des petites articulations proximales (poignets, métacarpophalengiennes et métatarsiennes), une atteinte des tendons (ténosynovites), des nodules rhumatoïdes indolores survenant indépendamment des poussées. Les atteintes sont symétriques et bilatérales.
Au niveau de la biologie, on peut le plus souvent voir un syndrome inflammatoire avec une VS ainsi qu'une CRP augmentée, une gamma-globulinémie, une hyperleucocytose à neutrophile, une anémie inflammatoire, un liquide inflammatoire à PNN (>200/mm3) mais stérile
Les auto-anticorps sont : les facteurs rhumatoïdes (peu spécifiques) ainsi que les Ac ACPA (anti-CCP) contre les protéines citrulinées.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie qui évolue par poussées. Le traitement vise à contrôler la douleur et l'inflammation, pour ralentir et arrêter la progression de la destruction articulaire.
Ac utilisés dans cette pathologie
Adalimumab (HUMIRA®) et biosimilaires
Etanercept (ENBREL®) et biosimilaires
Golimumab (SIMPONI®) et biosimilaires
Infliximab (REMICADE®) et biosimilaires
Rituximab (MABTHERA®) et biosimilaires
Pour en savoir plus sur la polyarthrite rhumatoïde
Réferences
Document de référence de la société de rhumatologie française sur la prise en charge de la polyarthrite :
Claire Daiena et al. Actualisation des Recommandations de la Société française de rhumatologie pour la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Revue du rhumatisme 86 (2019) 8–24
Publications :
I. Mclnnes, G. Schett, The pathogenesis of rheumatoid arthritis, N. Engl J Med 2011 ; 365 : 2205-2219
D. Roeleveld, M. Koenders, The role of the Th17 cytokines IL-17 and IL-22 in Rheumatoid Arthritis pathogenesis and developments in cytokine immunotherapy, Cytokine 2015 ; 74(1) : 101-107
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Gary S. Firestein, Iain B. McInnes. Immunopathogenesis of Rheumatoid Arthritis, Immunity,46, 2017, 183-196.
Site de patients
Association Nationale de Défense contre l'Arthrite Rhumatoide (ANDAR)
Thèse de pharmacie
Quelle place pour les nouveaux traitements médicamenteux de la polyarthrite rhumatoïde ? Christophe Guilé, 2018