Nomenclature des anticorps monoclonaux thérapeutiques

La nomenclature de l'OMS 

Une nouvelle version du système dénomination des anticorps monoclonaux et dérivés a été adoptée par l'OMS lors de la 73e consultation sur les DCI tenue en octobre 2021. La décision a été prise d'arrêter l'utilisation suffixe -mab. La nouvelle nomenclature des mAb va permettre de diviser les molécules qui contiennent un domaine variable d'immunoglobuline en quatre groupes dont trois groupes pour les immunoglobulines monospécifiques et le dernier pour les immunoglobulines bispécifiques et multispécifiques. Le radical -mab est donc remplacé par quatre nouveaux suffixes, distincts les uns des autres et couvrant toutes les utilisations précédentes de -mab. Le but de cette modification est de faciliter la création de nouvelles DCI. En effet plus de 1000 DCI –mab dénomination (IMGT) sont répertoriées et compte tenu de l’évolution croissante des AcM thérapeutique, il était nécessaire d'établir de nouvelles règles d’attribution des DCI. Quatre nouveaux suffixes ont donc été définis :

–tug : immunoglobuline non modifiée

-bart : immunoglobuline avec des domaines constants modifiés

-mig : immunoglobuline bi ou multispécifique

-ment : fragments d’immunoglobuline

Voir pour plus de détails le document de l'OMS [pdf] de mai 2022

La nomenclature Ge

La nomenclature Ge (G engineering) a été introduite en 2017 par l'équipe du Pr H. Watier [1]. et est régulièrement actualisée depuis[ 2] pour donner un accès plus aisé aux variations délibérément introduites par ingénierie peptidique ou glycoingénierie dans les régions constantes de chaînes lourdes des IgG thérapeutiques et les biomédicaments assimilés (protéines de fusion Fc). En effet, ces variations peuvent modifier sensiblement la pharmacologie de ces produits et nécessitent d’être facilement repérées par les professionnels de santé alors même que les dénominations communes internationales (DCI) ne comportent pas cette information, que la description OMS est trop détaillée pour être rapidement comprise et que les résumés des caractéristiques du produit y font rarement référence.

Ce système unifié s’inspire de la nomenclature Gm (G marker) qui définit les variations allotypiques (issues de polymorphismes génétiques) des IgG humaines. Comme la nomenclature Gm, la nomenclature Ge précise s’il s’agit d’une mutation sur la chaîne gamma 1 des IgG1 (G1e), sur la chaîne gamma 2 des IgG2 (G2e) ou sur la chaîne gamma 4 des IgG4 (G4e). Le numéro qui suit G1e, G2e ou G4e est attribué au fur et à mesure de la première mise sur le marché des anticorps ou des protéines de fusion Fc aux Etats-Unis, au Canada, au Japon ou en Europe [3].

Un même variant (ex. G1e4, G4e1, etc.) peut se retrouver dans plusieurs anticorps ou protéines de fusion Fc, dont les portions Fc auront donc les mêmes propriétés pharmaceutiques (ex. stabilité), pharmacocinétiques (ex. allongement de demi-vie) et/ou pharmacodynamiques (abolition ou au contraire accroissement de la capacité à recruter des effecteurs de l’immunité). A l’inverse, certains variants sont très spécifiques à un anticorps et ont peu de chance de se retrouver dans d’autres (ex. G4e4). Un code couleur accompagne donc cette nomenclature Ge afin de faciliter le repérage des propriétés conférées par ces mutations, différentes de celles des IgG1, des IgG2 ou des IgG4  naturelles [3].  

[1] Pottier J, Chastang R, Dumet C, Watier H. Rethinking the INN system for therapeutic antibodies. MAbs. 2017; 9: 5-11.

[2] Boulard P, Gouilleux-Gruart V, Watier H. Finding the right heavy chains for immunostimulatory antibodies Int J Mol Sci. 2022; 23: 10367.

[3] Tableau récapitulatif de la nomenclature Ge [pdf]

La nomenclature des biosimilaires

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